Le Stalag ...
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Pour une part, le stalag est un monde fermé qui possède ses rites, ses traits originaux, ses secrets, ses intrigues, ses clans, voire ses gangs. Entre les baraques circulent ceux qui, à la veille d'un départ, attendent l'appel de leur matricule et ceux qui, du matin au soir, sont à l'affût d'un trafic possible. L'aire du stalag a parfois l'allure d'un marché ou d'une salle des pas perdus. C'est un continuel va-et-vient, une bourse aux valeurs ou aux nouvelles, dont l'influence s'étend au-delà des limites barbelées. Conciliabules où se fixent les prix du paquet de cigarettes, de la part de pain, où s'ébauchent les tractations achevées dans le coin discret d'une chambre pour l'échange de pièces de vêtement, pour l'achat de la teinture nécessaire à la transformation d'un uniforme en un complet plus voisin des couleurs civiles. Si l'on en a les moyens, si l'on est introduit près des « puissances », des « caïds », si l'on est au courant des filières, on peut tout avoir.
Au stalag III C, qui n'est pas exceptionnel, l'on peut même se procurer une complaisance féminine, car les bureaux allemands ont des secrétaires, des dactylographes, des femmes de ménage, et les Français du chocolat ou du café soluble.
Par beaucoup de traits, les stalags pourraient donc être rapprochés des oflags. La constante présence de nombreux soldats allemands contribue à y établir une discipline apparente et la profitable fantaisie des moeurs traditionnelles des casernes. On y trouve à la fois le prisonnier pourvu d'un emploi sédentaire qui, à longueur de journée, collationne les fiches, trie les lettres ou range le magasin d'habillement, et celui qui, du matin au soir, dépense des trésors d'ingéniosité pour échapper à toute corvée. Il y a ceux qui sont chargés de lourdes responsabilités administratives, juridiques, disons plus largement : qui ont charge, d'âmes, et ceux qui jouent les Croquebol ou les La Guillaumette.
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